
Mon diplôme en poche, je décidai de rentrer en Bretagne. J’aurais pu trouver du travail plutôt facilement à Rouen, notamment auprès de l’association qui comptait le foyer où j’avais fait mon stage long : on m’avait proposé de travailler au 115. Mais je ne souhaitais pas rester, car je ne me voyais pas m’installer loin de ma Bretagne bien-aimée, loin de ma famille, de mes amis, et mon conjoint de l’époque. J’organisai donc un voyage à pied, sac au dos pour rentrer. J’avais envie de marquer le coup, terminer ces trois années d’études avec un symbole fort d’envolée vers ma liberté. J’ai effectué ces trois cent kilomètres à pied jusqu’au Mont Saint Michel en suivant le tracé du chemin de pèlerinage du Mont. Mon projet était initialement de faire Rouen-Rennes à pied, mais je ne pus aller plus loin que la Baie, m’étant fait mal au pied.
De retour dans ma ville natale, je me réinstallai chez mes parents pour commencer mes recherches de travail. On m’avait dit que le marché du travail était plutôt bouché sur Rennes, à cause du fait que deux écoles du travail social se trouvaient alentour. Je n’écoutai pas ces voix et commençai à rédiger Curriculum Vitae et lettres de motivation.
Si tout s’était déroulé comme je le souhaitais, j’aurais trouvé un contrat en Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (des centres d’hébergement stabilisants destinés à un public précarisé en voie de réinsertion sociale), en Centre d’Accueil d’Urgence (des centres d’hébergement type « mise à l’abri » pour un public précarisé) , ou en Centre de Soins Accompagnement Prévention en Addictologie (structure d’accueil de jour permettant un suivi social et médical pour des personnes atteintes d’addiction à des produits ou des comportements), ou encore en Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogues (centres d’accueil de jour pour des personnes présentant une addiction et n’étant pas en démarche de soin, en situation de précarité souvent et présentant des comportements à risques. Le but est d’aider à favoriser une consommation sans danger ou un accompagnement social et médical vers une démarche de soin si la personne en ressent le besoin). Mais je me heurtai à mon premier obstacle : le marché du travail était effectivement bouché, et il est très difficile de s’y insérer sans avoir un peu de réseau au préalable. J’ai rédigé et envoyé deux cent candidatures spontanées à l’époque sans obtenir une seule proposition d’entretien d’embauche. On m’aida à trouver un entretien d’embauche au sein d’une entreprise de médiation, mais on ne m’embaucha pas à cause du fait que je n’avais pas le permis. Et franchement, j’avais les économies mais plus tellement la motivation d’étudier le code. Le retour de voyage associé à cette difficulté pour trouver un emploi que je n’avais pas voulu envisager avant d’arriver à la maison m’avait quelque peu découragée.
Je fis donc marcher mon réseau pour pouvoir trouver quand même un job. Je travaillai en tant qu’animatrice périscolaire à la Mairie de Rennes et en tant que garde d’enfant auprès de l’agence Kangourou Kids, mais surtout je repris contact avec l’association Alisa pour pouvoir recommencer des séjours adaptés. Et cette association, il me faut en parler un peu.
Malheureusement elle n’existe plus, mais mes sept ans d’activité auprès d’eux auront fait partie de mes expériences les plus marquantes et les plus constitutives professionnellement.
[A suivre…]