
En ces temps troublés, l’heure n’est toujours pas au voyage pour moi. J’ai mis cette partie de ma vie en sommeil, le temps de pouvoir retrouver cette libération en toute sérénité.
Pourtant j’aime à me rappeler pourquoi je pars, pour mieux revenir vers mes racines.
Et la meilleure des sensations du monde reste pour moi celle de mettre un pied devant l’autre, le poids de ton sac sur tes épaules. Alors le temps ralentit enfin, au rythme de tes pas. On prend le temps de ressentir la vibration de la terre contre ses semelles, la caresse du vent sur sa peau qui se tanne, on considère le long de sa route les feuilles des arbres qui murmurent au diapason du souffle qui rafraîchit l’atmosphère. On revient à soi. Tout se coupe. L’absurdité de ce monde, la grisaille des villes et la morosité du salariat. On revient à soi. On rêve, l’âme se libère, on s’ouvre à ce qui se présentera à nous. Plus d’obligations, plus de poids sur les épaules, juste celle de vivre l’instant avec le plus de sincérité possible.
Mon esprit s’apaise en voyage. La marche lui apporte la possibilité de méditer à tout moment. J’arrête de penser, j’arrête d’organiser, de réfléchir, d’anticiper, d’envisager, de comprendre. En voyage, je n’attends rien. Je suis.
Un jour, je repartirai. Ce ne sera pas pour toujours, mais ce sera probablement pour longtemps. Mon sac retrouvera mes épaules, la main de mon fils rejoindra la mienne, et je reprendrai la route. Cette fois-ci, ce ne sera plus seulement pour me retrouver moi, mais pour lui apprendre cette magie, ce souffle de liberté qui fait grandir le coeur.
Toi qui aimes déjà tant marcher, mon fils. Tu parcourras le monde de tes petites jambes assoiffées de découvertes. Je t’emmènerai au plus profond des forêts, par delà les plaines, au sommet des plus hautes montagnes. Et tu verras que le monde n’est pas qu’absurde, ni cruel. Il recèle bien des richesses et des merveilles, jusque dans le coeur de nos semblables. Et je t’apprendrai à les découvrir.