Helsinki, drakkar et poupée inuit

Musée Vasa, Suède

Année 1999. Pour voir ma sœur qui faisait ses études en Finlande, nous sommes partis en voyage. J’avais sept ans, c’était mon premier voyage. C’est loin, et mes souvenirs sont flous. Mais je me souviens du fleuve à Helsinki qui charriait des énormes blocs de glace, des monceaux de neige partout. C’était beau. Je vois encore la statue de la Petite Sirène, en hommage au conte de Hans Christian Andersen. La chambre dans laquelle vivait ma sœur. Son sourire, et celui de ma mère. Si notre famille est loin d’être parfaite, Il faut dire que le fait de parcourir le monde avec mes parents fut un grand cadeau que la vie m’offrit, et je lui en serai toujours reconnaissante.

J’ai le souvenir de deux grands bateaux, dont la majesté m’a marquée pour toujours. Le premier était une grande nef au bois verni, échouée dans la baie. Elle reposait dans un musée. Malgré le calme et la magnificence que cette antiquité m’inspira à l’époque, sa coque semblait encore résonner des éclats de voix des millier de marins qui avaient dû parcourir les mers à son bord. Moi qui à l’époque ne jurait que par les contes bretons, les histoires de pirates et les récits de Pierre Mac Orlan, cette vision constituait du pain béni pour mon imagination de petite fille…

Le deuxième était un grand drakkar au bois noirci. Je me souviens qu’il m’avait paru absolument énorme, du point de vue de la petite fille que j’étais. Je n’avais encore aucune conscience de la dureté du voyage sur une telle embarcation, ni de l’identité des fiers guerriers qui l’avaient emprunté pour conquérir, qui sait… la Normandie? Toujours est-il qu’il trônait lui aussi dans un musée, au milieu d’une grande salle blanche, témoin silencieux des siècles écoulés.

On ne choisit pas ce dont on se souvient des années après. Et lorsqu’on est enfant, ce sont les émotions fortes qui nous marquent le plus.
Année 1999. J’ai sept ans, on doit rentrer à Rennes. Et je dois quitter la Finlande, la Suède, et ma soeur. Dans l’aéroport, je pleure toutes les larmes de mon corps. Cécile est déjà partie. Mon père s’en va, je ne comprends pas trop. Ma mère me tient contre elle, réchauffant de son amour de maman le gros chagrin de sa fille. Soudain, je vois venir mon papa au loin. Il a un sourire satisfait sur son visage, et tient quelque chose dans ses bras. Et la surprise aura fait s’effacer mon chagrin : c’est une poupée inuit, avec un manteau constitué d’une grosse fourrure blanche. Je la serre dans mes bras, et on part reprendre l’avion.

Je ne sais pas où est passée cette poupée, je pense l’avoir perdue depuis longtemps. Mais le souvenir du sourire de mon père et de cette fourrure blanche, lui, m’est resté jusqu’à aujourd’hui.

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