Madrid, bombardement et Picasso

Sources Getty Images

Madrid, 2003.

Je me souviens du jour où j’ai rencontré Picasso. J’étais plutôt jeune, onze ou douze ans, et l’art pictural m’intéressait, sans que je puisse dire que ce soit devenu ma passion. J’étais avant tout une adolescente qui se découvrait.

L’été, ou aux vacances scolaires, je suivais mes parents dans leurs pérégrinations. Lorsque nous étions en voyage, nous visitions très souvent des musées. Et Madrid ne fit pas exception. Mais cette destination me réserva quelques uns de mes premiers émois artistiques, et je dois dire que je m’en souviens encore très vivement aujourd’hui. Au Musée de la Reina Sofia, il est un tableau très connu qui me marqua profondément.
Comme à mon habitude, je déambulais de salle en salle, en me laissant porter par la visite. Mon regard glissait de toile en toile, et de salle en salle. Soudain, apparut devant moi une peinture de Picasso très connue, nommée Guernica. Cette oeuvre, créée pour dénoncer le bombardement de la ville du même nom en 1937 par les nazis et les franquistes, est devenue un symbole de dénonciation de la guerre en général. Elle dégage une force et une violence rare.

Je m’arrêtai face à elle. Le style cubiste figure parfaitement l’éclatement de la bombe. Les corps s’entremêlent, les bouches grandes ouvertes des personnages hurlent en silence. Un fantôme muni d’un cierge entre par la fenêtre, son visage empreint de compassion. Une mère, seins nus comme si elle s’apprêtait à allaiter, hurle de douleur la mort de son enfant dans ses bras. Le désordre du tableau évoque la panique générale. En noir et blanc, des flammes. De la fumée. De la chair en désordre. La mort.

Tout cela me frappe. Je considère l’ensemble. L’horreur de la guerre. Je me laisse pénétrer par l’énergie que dégage le tableau. Et par son message. J’en ressors profondément touchée, comme si j’avais parcouru cette pièce avec les victimes du bombardement. Comme si moi aussi, j’avais été à Guernica, en 1937, lorsque le bombardement eut lieu.

Je crois que c’est la première fois qu’un tableau aura su m’arrêter, par sa force et le talent de son peintre. Et ma rencontre avec Guernica et le talent de Picasso restera encore aujourd’hui pour moi parmi mes plus fortes découvertes artistiques. Je ne peux pas dire que je sois une amatrice de peinture cubiste, mais Guernica reste pour moi une oeuvre à part. Et je n’oublierai jamais ma rencontre avec elle.

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