News TsT – Atelier théâtre terminé!

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Comme nous vous l’avions annoncé en début d’année, l’association Tréteaux sur Trottoir a mis en place un atelier de théâtre d’improvisation en direction des jeunes de l’EREA Magda-Hollander Laffon, à Rennes. Impro à l’EREA était un projet d’initiation à la pratique théâtrale et au théâtre d’improvisation, qui s’est déroulé de janvier à mai 2018, en partenariat avec des professionnels de la structure. Cet atelier théâtre avait pour but, sur toute l’année, de proposer une initiation à la pratique théâtrale et au théâtre d’improvisation. Ceci implique l’initiation aux bases de la pratique théâtrale, la constitution et l’entraînement d’une équipe pour disputer un match d’improvisation à la fin de l’année avec l’équipe d’improvisation de l’association théâtrale de l’ASCREB, une association étudiante de pratique théâtrale.
L’équipe a visé la constitution d’un groupe de huit personnes maximum, composé de collégiens et de lycéens. La conception, la conduite et le déroulé des séances a été mené en recueillant le plus possible l’adhésion et l’implication des élèves concernés, pour leur permettre de s’impliquer dans le choix des exercices en vue de faire leurs propres expérimentations, selon les principes de la médiation éducative. Cet atelier théâtre avait pour objectifs de travailler le rapport au corps, l’estime de soi, la valorisation des capacités des élèves et de leur imaginaire, la cohésion de groupe, l’esprit d’équipe, la confiance, le rapport à l’autre, le lâcher-prise, l’implication dans la durée sur une réalisation de groupe, ainsi que la solidarité. L’objectif ici n’était pas d’organiser un atelier d’initiation pure et dure, mais aussi de ménager de l’espace à l’expression des élèves, et leur donner les moyens de s’exprimer via leur imaginaire, et par cet espace de liberté. L’improvisation théâtrale, et plus largement la pratique du théâtre en elle-même, présente de nombreux effets positifs. Elle permet d’aborder des sujets difficiles, détournés par le biais du jeu. L’improvisation théâtrale fait appel à l’imagination du comédien tout en puisant dans ses propres ressources et en les partageant avec celles des autres. La pratique du théâtre permet d’effectuer un travail en profondeur sur soi-même en faisant appel au lâcher prise, soit le fait d’arriver à être spontané sans prendre en compte le jugement des autres, accepter ses propres idées, Le théâtre apprend à se faire confiance mais aussi faire confiance aux autres. Mais être sur scène, c’est aussi un travail d’équipe dans lequel chacun est indispensable ! Tous se doivent donc d’oser et apporter des idées pour faire avancer l’histoire improvisée de manière constructive. Une règle est fondamentale : lorsque quelqu’un propose quelque chose, on y adhère. On ne refuse pas. Dans cette dynamique commune, tous les acteurs se doivent de faire preuve d’attention auprès des uns et des autres pour pouvoir décider de ce qui est utile à la création d’une histoire qui tient debout. Chacun peut alors apprendre à être plus tolérant envers soi et les autres, car toutes les personnalités sont différentes, et chaque comédien a sa propre imagination ! Sachant cela, on peut aisément comprendre qu’un environnement favorisant la pratique théâtrale et l’improvisation facilite la bienveillance entre les partenaires de jeu, la solidarité, et le contrôle de soi. Par ailleurs, les comédiens devant se lâcher ont besoin d’un espace de jeu où règne une bonne ambiance pour pouvoir se surpasser, gérer son stress et oublier le regard des autres. Entre autres choses, le théâtre est un merveilleux outil d’apprentissage de la vie en communauté, et de réapprentissage du contact de l’autre. Ce sont ces valeurs et ces nombreux bienfaits que nous souhaitions transmettre aux élèves via la conduite de ce projet, tout en leur permettant de s’étonner eux-mêmes… !

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Une fois le projet mis en route, nous nous sommes rapidement rendus compte que la présence des trois intervenants était non seulement un plus pour l’encadrement et l’accompagnement des élèves, mais aussi nécessaire pour gérer les différentes personnalités des participants et les éventuelles perturbations. Il a rapidement été clair que le fait de fidéliser un groupe de huit, même de cinq personnes (en dessous de cinq la constitution d’une équipe n’est pas possible) serait très compliqué. De ce fait, nous avons décidé de nous focaliser sur l’aspect cathartique de la pratique théâtrale, afin de permettre aux élèves de s’impliquer sur une séance au moins. Le travail que nous voulions faire avec les jeunes ayant trait à l’implication sur un travail commun de plusieurs mois n’a donc pas été possible. Cependant, même si nous n’avons pas pu organiser le match d’improvisation, cet aspect du projet Impro à l’EREA nous a permis d’expérimenter beaucoup de choses avec les élèves. La formule de l’atelier d’expérimentation théâtrale a semblé leur plaire, car un petit noyau a fini par se fidéliser, malheureusement trop tard pour envisager l’entraînement. Les élèves nous ont manifesté plusieurs fois leur intérêt pour ce que nous leur proposions, et certains se sont dit « passionnés » par nos séances. L’implication des élèves dans le projet a eu lieu, d’une manière différente que celle que nous recherchions : le fait de participer aux jeux de scène et de revenir d’eux-mêmes aux séances nous ont permis d’expérimenter divers exercices avec eux, et de nombreux sujets d’improvisation. A travers des exercices tels que le Jeu de la bouteille (exercice de confiance), le Je t’aime/Je te hais, nous avons souhaité faire passer les élèves à travers un prisme d’émotions que seule la pratique théâtrale permet de vivre. En faisant sortir les participants de leur zone de confort, nous les avons confronté à un autre rapport à leur prochain : comment se place-t-on pour dire « Je t’aime » à quelqu’un ? Ou encore lorsqu’on se rend compte que l’on doit compter sur son partenaire de jeu pour avancer ? Au fil des exercices et de nos remarques post-improvisations, leur manière d’appréhender le jeu en commun a évolué pour certains. L’intérêt n’est plus de jouer avec les copains, mais de choisir un sujet d’improvisation qui nous inspire, peu importe la personne avec qui on va jouer. De cette manière, les comédiens en herbe se sont retrouvés face à cette nécessité qui constitue l’un des fondements de la pratique théâtrale : il faut se faire confiance, à soi et son partenaire de jeu, pour pouvoir construire une histoire cohérente ensemble. L’improvisation et le sport en équipe, même combat : si on joue ensemble, on gagne ! Nous n’avons pas eu l’occasion d’observer une éventuelle cohésion de groupe construite hors de l’atelier, mais à l’exception de quelques perturbations, l’ambiance générale s’est adoucie à mesure que les participants apprenaient à se connaître sur scène. Les élèves les plus à l’aise ont souvent pris le parti de pousser les plus timides à se lancer, par exemple. Ceci a permis à certains de se lâcher un peu plus, dépasser la peur du ridicule pour certains, et d’oser jouer un peu plus. Ce fut manifeste notamment lors des exercices de cri (un élève a été impressionnant), et ceux impliquant une émotion forte telle que la colère. Cette dynamique installée a permis l’émergence de l’imaginaire de certains (une élève nous a notamment surpris lors de l’exercice des Métiers Imaginaires), et nous a laissé le champ libre pour un travail un peu plus poussé sur le jeu d’acteur, l’écoute, la voix, l’adresse, la construction d’une histoire et le placement par rapport à un public. Nous avons porté une attention toute particulière à la valorisation des propositions des participants et à leur implication dans les exercices proposés. Des improvisations thématiques nous ont permis de parler de plusieurs sujets sensibles sous l’angle de la médiation éducative. Entre autres, nous avons mis en jeu les participants sur des sujets tels que la parentalité, l’enfance, le sexe, le rapport à l’autre, le couple, l’alcool, ou encore la violence verbale. Je prendrai pour exemple l’improvisation sur la pornographie. Le sujet portait sur la découverte de deux parents d’un magazine pornographique dans la chambre de leur fils. Trois jeunes filles en CAP ont joué les parents et l’ado. Elles ont improvisé une histoire sur ce thème pendant trois minutes, à l’issue de laquelle nous avons ouvert le débat : en quoi est-ce mal de regarder du porno ? En quoi est-ce bien ? Que peut-on apprendre d’un tel visionnage ? Quelle image de la femme véhicule cette industrie ? Nous avons permis aux élèves de donner leur avis, et parler librement de ce sujet. L’intérêt d’une telle démarche est d’aborder un sujet sensible, voire douloureux, détourné par le biais d’un média pour pouvoir le dédramatiser et libérer la parole du public visé dans une volonté d’apprentissage, de prévention, ou d’accompagnement en vue d’une thérapie par exemple.

Même si notre objectif premier n’a pas été atteint, ce fut une expérience riche, aussi bien pour nous que pour les élèves! Si toutefois l’établissement décide de monter un projet similaire l’année prochaine, nous serions heureux de pérenniser le partenariat établi.

A septembre pour de nouvelles aventures, et bel été à tous !

Fabre 

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