Tout a commencé avec Elle. Ma Soeur, Cécile.

Lorsqu’on a appris qu’elle avait attrapé le cancer du sein, on s’est accrochés. On l’a soutenue. Mes étaient là pour elle, lors de l’opération, des traitements, la chimio, la radiothérapie. Moi, j’étais au Lycée à l’époque. Je me rappelle de ma Soeur qui se battait pour s’en sortir, qui travaillait malgré tout. Je me rappelle de son emménagement dans notre square, et des soirées où je squattais chez elle, et où elle faisait tout pour que je ne voie pas qu’elle souffrait. Son couple a fait beaucoup pour l’aider je pense, elle a eu la chance de se marier avec un homme merveilleux, qui fut là à chaque étape de son parcours. Pour ma part, je me sentais inutile, tellement. Mais elle me rassurait en m’expliquant ce qui lui arrivait, en quoi consistaient les traitements, répondant à mes questions comme si elle m’expliquait la manière dont je devais m’y prendre pour la soutenir. Sans pudeur aucune. Pas de tabou entre soeurs.
Ce fut compliqué, mais elle s’en sortit. Et s’habitua peu à peu à vivre avec un seul sein.

Mais ce soulagement dura pendant cinq ans.
Un jour, elle fit un malaise chez elle. Des douleurs dans le dos l’avaient clouée au sol, sans qu’elle puisse se relever. Je n’oublierai jamais la façon dont ma mère a lâché tout ce qu’elle était en train de faire pour courir à toutes jambes chez Cécile, omettant même de prendre ses clés pour revenir chez nous.
Retour à l’hôpital.

Et puis ce furent ses derniers mois, qui se passèrent comme un véritable cauchemar. Tous nos espoirs s’amenuisaient petit à petit, à mesure que les métastases grignotaient chaque petite parcelle de son corps. On découvrit qu’elle avait été victime de plusieurs erreurs médicales qui avaient laissé son cancer s’installer, puis de soins qui lui firent notamment attraper un staphylocoque doré, entre autres choses. Mes parents se sont battus comme des forcenés face à l’équipe médicale qui voulait abandonner ma Soeur, nous disant que son cas était trop grave, tout en évitant de nous expliquer la façon dont se déroulaient les choses. Son médecin, dont je tairai le nom, fut d’un cynisme et d’une inhumanité à en faire frémir. Je me sentais pour ma part complètement perdue, comme une petite fille dans un monde d’adultes trop froid et trop cruel.

Petit à petit, elle se fatiguait. Elle n’était plus elle-même, mon modèle, la femme forte et déterminée que j’avais toujours eu comme Soeur. Les derniers jours de sa vie, elle a même perdu la tête.
La dernière fois que je l’ai vue en vie, elle délirait. Je suis restée une demie-heure avec elle, ne pouvant pas supporter plus longtemps de la voir comme ça. En partant, j’ai eu l’intuition que c’était peut-être la dernière fois que je pourrai lui dire « Je t’aime ». Je ne sais même pas si elle m’a comprise.

Le lendemain, elle partait.
Le choc. Le vide. La douleur. Je me suis demandé comment le monde pourrait continuer de tourner sans Elle. Ce fut le début d’un très long travail de deuil.

C’est là qu’est venue à mes parents l’idée de l’association. Ma Soeur, c’était un ensemble de valeurs qu’ils ne voulaient pas perdre. C’était du courage mêlé à un humour ravageur, un dévouement sans faille dans ce qu’elle aimait, et un rapport aux autres qui était fondamental pour elle. Et puis, même si l’expérience de l’hospitalisation de Cécile a été un enfer pour nous, nous n’avons pas fait que des mauvaises rencontres. Le personnel médical nous a paru en grande partie compétent, et déterminé à tout faire pour aider ses patients.

C’est ainsi qu’est née l’association.

« L’association Cécile Etoile a été crée en Octobre 2012 par Monsieur et Madame Gérard suite au décès de leur fille d’une récidive du cancer du sein.

Elle a pour but d’agir collectivement pour le bien être et la santé des malades et de leur entourage, tout en rendant aux soignants l’hommage qu’ils méritent par la compétence et le dévouement dont ils font preuve chaque jour. » 

En s’impliquant dans les projets que nous mettons en place, cette communauté nous aide à avancer et nous permet de transmettre aux autres ce que nous avons appris de Cécile et de notre malheur, pour aider ceux qui vivent la même chose, patients comme proches. Globalement, nous voulons agir sur deux pans: le sport, et la nutrition/santé.

Nous sommes impliqués dans deux grands projets :

La course des 5kms de Cécile :