Il était une fois, en une contrée lointaine, en des temps révolus où la vie avait la couleur du conte, un village de pêcheurs solitaire coincé entre la mer et la terre. Ses habitants y prospéraient, vivant paisiblement de chasse, de pêche et de cueillette.
La plus belle fille du village s’appelait Océane. Depuis son plus jeune âge, tous les hommes n’avaient d’yeux que pour elle. Ses parents lui avaient donné ce nom car ses yeux rappelaient la couleur de la mer les jours où elle brille, radieuse, sous la lumière généreuse des ciels d’été.
A chaque fête de village, tous les jeunes gens en âge de l’aimer tentaient d’approcher la jeune fille. Tous lui faisaient la cour dans l’espoir de lui offrir sa Première Danse, mais aucun homme parmi tous ses prétendants ne trouvait grâce à ses yeux. Et pourtant, tous persistaient dans l’espoir de la séduire, sauf un. Seul son ami Gauthier, qui l’aimait pourtant désespérément en secret, ne trouvait pas le courage de lui ouvrir son coeur.
A la surprise de tous, lorsqu’Océane fut en âge de s’épanouir, elle offrit ses faveurs à Galaad le Bâtard, dont la mère était morte avant d’avoir pu lui conter son linéage. On avait jamais vu tant de beauté se lier à tant de bassesse, c’était comme si le Soleil s’unissait à la Lune. Promptement, ils décidèrent de se marier dans le secret, avec pour seuls témoins les fées gardiennes de la falaise. Gauthier, rendu fou de jalousie par leur amour, avait seul assisté à l’événement. Ne pouvant se résoudre à perdre celle qu’il aimait depuis toujours, il se rua alors sur Galaad et le jeta à bas de la falaise. Il tomba dans la mer et mourut sur le coup. Océane, aveuglée par la douleur d’avoir perdu son époux à qui elle avait voué son coeur, se mit à pleurer sans pouvoir s’arrêter. Ignorant Gauthier qui tentait de lui expliquer son geste, elle sauta de la falaise à son tour.
Les fées de ce lieu, touchées par cette histoire, salèrent alors toutes les larmes du monde, en mémoire de celles versées par les amants.
Et c’est pourquoi nos larmes sont aujourd’hui salées.