La gare St Lazare

La_Gare_Saint-Lazare
La Gare Saint-Lazare, huile sur toile de Claude Monet peinte en 1877.

Puisque tu prends le train toutes les semaines, tu cherches à t’occuper. Tu tends tes neurones, tes pupilles, vers la moindre parcelle de romanesque pour que la machine à histoires – quelque peu rouillée ces derniers temps? – se mette en route, et ajoute un nouveau roman éphémère à ce voyage hebdomadaire. Ainsi, le voyage semble moins long. L’époque change. Les gens s’effacent, même la mélopée de la mécanique contre les rails prend un autre ton. A chaque voyage, tu te choisis un nouveau personnage. Avec un nouveau but, de nouvelles quêtes à accomplir. Un nouveau nom, un sexe différent, une histoire différente. Et la vie se pare de nouvelles couleurs, jusqu’à ce que reviennent les teintes habituelles.

-*- J’aime pas Paris, ni ses autochtones, ni sa mentalité, ni son âme. Mais j’aime bien la gare St Lazare. Parce que c’est un joli puits à histoires. Je m’en suis rendue compte le jour où ce train a mis une heure à démarrer. Les gens pestaient, hurlaient, s’énervaient contre les contrôleurs pour qui ils avaient tricoté un joli chapelet de noms d’oiseaux, ainsi qu’à la bande de petits voyous qui avaient actionné la manette de sécurité deux fois, empêchant le train de partir à l’heure. Les yeux fermés, j’étais blottie contre mes sacs, allongée par terre entre deux wagons, la capuche relevée et le foulard sur le nez. J’ai assisté à ce manège sans broncher, avec l’impression d’être entourée par une chape de silence, protectrice et apaisante.
Puisque le  train ne voulait toujours pas démarrer, les contrôleurs ont autorisé les passagers à fumer une clope sur le quai avec eux. Des amitiés à usage unique se sont formées le temps d’une cigarette, avant que le train ne démarre.
Et je me suis rallongée dans mon refuge de fortune.

Et… tout d’un coup… le train démarra. Et avec lui, je me retrouvai contrebandier slave, clandestin dans un train de marchandises, serrant contre lui sa petite cargaison d’opium destinée à démarrer une hypothétique fortune en Allemagne. Et mes yeux se fermèrent…

J’aime bien la gare Saint Lazare parce qu’il y traîne un certain parfum, une certaine ambiance, un certain esprit qu’on retrouve dans certaines gares. Un air de passage, de bohème, d’inattendu, d’histoires déjà racontées de carrefour de vies. Et que tout cela, eh bien! C’est propice à l’imaginaire…

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